Joseph Delteil est un écrivain et poète français né le 20 avril 1894 à Villar-en-Val dans l'Aude et mort le 12 avril 1978 à Grabels dans l'Hérault.
En 1898, son père achète une parcelle de vigne à Pieusse (30 kilomètres plus loin du côté de Limoux). C’est là, dira Delteil, son « village natal », au cœur du terroir de la blanquette de Limoux, « où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français. » Il y demeure jusqu’à son certificat d’étude (1907), puis il intègre l’école Saint-Louis à Limoux. Il est ensuite élève au collège Saint-Stanislas (petit séminaire) de Carcassonne.
Grâce à Pierre Mac Orlan, il publie en 1922 son premier roman, Sur le fleuve Amour, qui attire l'attention de Louis Aragon et André Breton pour qui cette œuvre « dédommageait de tant de diables au corps. » Delteil collabore à la revue Littérature et participe à la rédaction du pamphlet Un cadavre écrit en réaction aux funérailles nationales faites à Anatole France (octobre 1924). Breton le cite dans son Manifeste du surréalisme comme l'un de ceux qui ont fait « acte de surréalisme absolu ».
La publication, en 1925, de Jeanne d'Arc, ouvrage récompensé par le prix Femina, suscite le rejet des surréalistes et de Breton en particulier, malgré le scandale déclenché par ailleurs en raison de la vision anticonformiste de la « Pucelle d'Orléans ». Delteil participe au premier numéro de La Révolution surréaliste, mais après un entretien dans lequel il déclare qu'il ne rêvait jamais, il reçoit de Breton une lettre de rupture.
En 1931, il tombe gravement malade et quitte la littérature et la vie parisienne pour le sud de la France. En 1937, il s'installe à la Tuilerie de Massane (à Grabels près de Montpellier) où il mène jusqu'à sa mort une vie de paysan-écrivain, en compagnie de sa femme, Caroline Dudley, qui fut la créatrice de la Revue nègre.
Dans sa retraite occitane, il entretient de solides amitiés avec les écrivains (Henry Miller, etc.), les poètes (Frédéric Jacques Temple, etc.), les chanteurs (Charles Trenet, Georges Brassens), les peintres (Pierre Soulages), les comédiens (Jean-Claude Drouot). En publiant, en 1968, La Deltheillerie, il retrouve un peu de la notoriété des années 1920, soutenu par des personnalités comme Jacques Chancel, Jean-Louis Bory, Michel Polac, Jean-Marie Drot.
François d'Assise
Delteil sort François d’Assise de sa célébrité catholique pour en faire non plus un saint mais un exemple à suivre pour le croyant comme pour l’athée. Rien d’étonnant, il est entre les mains d’un écrivain iconoclaste, un « paysan-écrivain » ayant fuit la vie parisienne après avoir été salué par Breton et Aragon comme un créancier de « tant de Diables au corps » (cf le rejet des surréalistes pour l’œuvre de Raymond Radiguet) en publiant en 1922 son premier roman « Sur le fleuve Amour ». Pour faire bref on aime un temps puis on déteste ! Delteil se voit ainsi conspué par Breton après la publication en 1925 de « Jeanne d’Arc » qualifiée de « vaste saloperie » par ce dernier. Las de la vie parisienne et suite à une grave maladie il quitte la littérature et Paris pour goûter les saveurs d’une vie rurale à la tuilerie de Massane avec sa femme Caroline Dudley qui fut la créatrice de la revue nègre. Atypique parcours de cet écrivain liant des amitiés « ad mortem » avec certains (l’écrivain Henri Miller, le poète Frédéric Jacques Temple, les chanteurs Charles Trenet et Georges Brassens, le peintre Pierre Soulages, le comédien Jean-Claude Drouot, le journaliste Jacques Chancel, l’écrivain Jean Louis Bory ou bien encore le documentariste Jean-Marie Drot ) venant confirmer autant son génie créateur que sa soif de provocation comme un désir de construction et de sauvegarde de l’authentique, du grégaire même en réinventant sa propre cuisine paléolithique.
Rien d’étonnant donc à ce que Joseph Delteil donne comme titre à son texte « François d’Assise » plutôt que « Saint François d’Assise ». C’est selon lui à la portée de quiconque parce que dit-il « chacun d’entre nous peut devenir ce personnage sans pour autant être un saint ! » De prime abord , on comprend que ce spectacle singulier n’est pas un hommage rendu à un saint d’éphéméride, même s’il s’agit bien de lui ! Effectivement, avant que l’Eglise de Rome ne le canonise, François, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles et le cœur attentif à autrui, est mis face à l’évidence de la richesse dans la famille dans laquelle il naît. C’est un motif originel au détachement dont il fera son « credo » par la suite. Au figuré comme au propre… il va se mettre dans son plus simple apparat. Le François d’Assise de Delteil est un contemporain laïque face aux grattes ciels aux paysages urbains ne cherchant que la reconquête de la nature, du bruit de l’eau, de l’odeur du foin coupé, du chant des oiseaux.
Francois d’Assise nous emmène aux confins de l’indicible étouffé par l’orgueil en ouvrant nos cœurs à l’amour, nos yeux à l’adoration, nos corps à l’extase comme la philosophie d’une vie, la meilleure que l’on puisse vivre comme voulue par Joseph Delteil.
@ Yves-Alexandre Julien