VISITE DE 70 YEP à l'Hopital Notre Dame à la Rose

dimanche 13 mars 2016 13:00-16:00, Hôpital Notre Dame à la Rose Place Alix du Rosoit Lessines

Hôpital Notre Dame à la Rose

L’Hôpital Notre-Dame à la Rose, classé depuis 1940 comme patrimoine exceptionnel de Wallonie, a été fondé en 1242 par Alix de Rosoit, veuve d’Arnould IV d’Audenaerde, seigneur de Lessines et grand bailli de Flandre. Lessines est à ce moment une ville en pleine expansion et l'hôpital va rapidement bénéficier d’importants privilèges et donations.

Alix de Rosoit s’inscrit clairement dans le cadre d’un large courant de charité privée, encadré par l’Eglise, qui mènera à la création d’hôpitaux urbains. Les bourgeois et notables inquiets de leur fin prochaine firent, en effet, des dons importants pour les pauvres afin de racheter leurs torts.

Fondé pour accueillir et soigner indigents et malades, l’hôpital de Lessines joue son rôle social jusqu’en 1980. Ce record de longévité s’explique par la qualité de l’organisation structurelle du site et par la présence ininterrompue de la communauté des religieuses augustines qui géra l’hôpital de sa fondation à la Révolution française et qui demeura dans les lieux aux 19e et 20e siècles. Il fut ensuite ouvert aux visiteurs qui découvrirent des bâtiments et collections rappelant le travail quotidien des sœurs au service de Dieu et des hommes mais aussi la vie et l'évolution des hôpitaux et des soins de santé depuis huit siècles.

L'Hôpital Notre-Dame à la Rose est aujourd’hui un des derniers exemples de site hospitalier autarcique complet tels que l’ancien régime les concevait : il comporte encore un bâtiment principal à vocation à la fois conventuelle et hospitalière sur la rive gauche, une ferme sur la rive droite, en activité jusque 1990, des jardins, une glacière, un cimetière, le tout traversé par la rivière, la Dendre. L'état de conservation du site est remarquable ; les bâtiments et leur histoire sont indissociables de leur contenu. Les nombreuses œuvres d'art et antiquités médicales conservées dans les lieux où elles ont vécu et servi contribuent largement au caractère exceptionnel de ce site.

Les bâtiments actuels, réaménagés entre le 16e et le 18e siècles, forment un harmonieux quadrilatère autour du cloître et de son jardin intérieur. Ces bâtiments sont marqués par différents styles : gothique tardif pour le cloître, baroque pour la chapelle et le portail de la façade principale, Renaissance pour les façades animées de pignons à gradins.

L’Hôpital est aussi un important témoin des progrès de la pratique médicale. En effet, la manière d’envisager le corps, sa structure et son fonctionnement ainsi que la maladie, ses origines, mais encore les soins à donner aux malades se sont considérablement modifiés, laissant d’importantes traces dans la structure des bâtiments et dans les collections pharmaceutiques et médicales conservées.

Tout d’abord, selon les conceptions anciennes, l’état du corps reflète l’état de l’âme et les soins spirituels sont indissociables des soins du corps. La chapelle et la salle des malades vivent en quelque sorte en symbiose, favorisée par la situation de ces deux salles dans le prolongement l’une de l’autre.

Lors de la reconstruction de la chapelle et de la salle des malades aux 17e et 18e siècles, ce lien architectural et fonctionnel fut maintenu. La première salle des malades met en outre en application des théories miasmatiques et humorales de l'époque, qui considéraient que l’air pouvait être vicié par des miasmes pathogènes. On construisait alors de grandes salles de malades où l’on brassait l’air frais par des courants d’air pour évacuer ces vapeurs fétides. La grande salle des malades avec ses fenêtres haut placées, ses lucarnes dans les fenêtres et sa trappe dans le plafond est bien évocatrice de cette architecture de l’hôpital dit pneumatique.

Au 19e siècle, on construira de nouvelles salles. Celle qui enjambe le bras de la Dendre, en style néoclassique, s’inscrit dans les conceptions de la médecine hygiéniste. Enfin, la construction, vers 1865, des troisième et quatrième salles des malades marque un tournant important dans l’évolution architecturale du site. On constate alors que la fonction hospitalière, localisée jusque-là sur la rive gauche de la Dendre, déborde sur la rive droite et envahit progressivement la cour de ferme. L’hôpital est alors avant tout vu comme un lieu fonctionnel.

D'importants travaux de restauration et de valorisation touristique et culturelle ont commencé en août 2001 pour permettre l'aménagement de nouvelles salles. Ces travaux sont subventionnés par des fonds européens (FEDER) et la Région Wallonne (Patrimoine et Tourisme) ainsi que la Communauté française.

Les Collections artistiques et scientifiques de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose

L’inventaire mentionne plusieurs milliers d’objets. Quelques « perles » : l’impressionnant fonds d’archives et ses bulles papales du 13e siècle, ses nombreux actes ou chartes avec leurs sceaux (Marguerite de Constantinople, saint Louis, …). Dans les collections artistiques, on observera une belle pietà en bois polychrome de la fin du 15e siècle, un trésor d’orfèvrerie civile et religieuse, des bancs-coffres et crédences du 15e siècle, une allégorie de la vie religieuse (huile sur bois, seconde moitié du 16e siècle), une copie de Notre-Dame de Grâce de Cambrai, vierge à l’enfant du 15e siècle.

Enfin, le musée possède une  « Lamentation autour du Christ » présentant un Christ barbu mais avec des seins, veillé par les Saintes Femmes. Etonnante huile sur bois de la fin 16e siècle reprenant le thème du Christ maternel et nourricier pourtant bien présent dans les écrits des plus grands mystiques de la tradition chrétienne.

Dans les collections médicales et pharmaceutiques, on peut épingler des plats à saignées, des lancettes, des clystères et même, des clystères soi-même destinés à extirper les humeurs corrompues.

Les trousses de chirurgie illustrent les techniques utilisées du 17e au 20e siècle pour trépaner et amputer. Un coffret du début du 19e siècle mérite une mention : il s’agit d’une trousse d’ambulance de la Garde Impériale napoléonienne.

A la fin du 19e siècle, la supérieure Marie-Rose Carouy inventa un médicament appelé l’Helkiase : un antiseptique et un cicatrisant qui fit l’objet d’un brevet international et dont la commercialisation releva d’une véritable entreprise de marketing.

L’Hôpital Notre-Dame à la Rose est un témoin exceptionnel de l'évolution de l’architecture hospitalière, de l’histoire des soins de santé, de l’histoire de la vie conventuelle, des mentalités et des idées.

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Archéosphère - 26/10/14



Emission consacrée à l’archéologie médiévale en Wallonie avec, comme séquence régionale, l’hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines vu sous angle archéologique. ( aller à 18’)



http://www.notele.be/list97-archeosphere-media32506-archeosphere-26-10-14.html