Paul P. HARRIS : ma route vers le ROTARY

mercredi 23 février 2022

Joseph Nouvellon (RC Evry)

     

         Paul Harris, inventeur des clubs service, sa philosophie du Rotary

Paul P. Harris est né en 1868, mais l’histoire de sa vie  commence à l’âge de trois ans, lorsqu’il arrive à Wellington, avec son père et son frère Cécil, par le train, en plein d’une nuit d’été ; Wellington est un bourg situé dans le Vermont, Etat du Nord-est des Etats-Unis, en Nouvelle Angleterre. Ils arrivaient chez son grand-père et sa grand’mère, qui allaient devenir ses véritables parents, à défaut de son père qui a sombré dans de mauvaises affaires, et vit séparé de sa mère.

P. Harris est ainsi élevé par ses grands -parents dans une ferme comportant un verger et un potager, qu’il fallait labourer, planter, fertiliser, sarcler, récolter…,avec un troupeau de vaches… pour donner une nourriture qualifiée d’«étonnante ». Sur cette terre peu fertile, au climat rigoureux, on menait une vie frugale, rythmée par des pratiques religieuses bien codées et par l’école à la campagne…Cette société laborieuse forgeait les caractères ; elle a donné des hommes qui ont joué des rôles importants dans les affaires du monde.

Dans cette même région, à Wallinford, s’était développé une petite industrie de machines et d’outils liés à l’agriculture, (pelles et fourches, charrettes, bols…) ; les jeunes qui envisageaient de se lancer dans le commerce  commençaient dans un magasin local, puis allaient compléter leur apprentissage à Rutland, le siège du comté, puis, en cas de succès, se risquaient à chercher des opportunités plus sérieuses à Albany et même New-York et Boston. P. Harris entreprend des études et obtient, en 1891, un diplôme en droit, de l’Université d’Iowa, qui lui ouvre la profession d’avocat.

Mais il commence par cinq ans d’errances et de vagabondage, qui seront pour lui riches d’expériences diverses…et, finalement, s’installe à Chicago.

Au début du XXème S. la ville de Chicago est une métropole du Middle West qui, comme le reste du pays, résulte d’un grand brassage sociétal, où les races, les opinions politiques, économiques et religieuses divergentes se rencontraient ; c’était une ville dure, agressive, surprenante, dans la quelle rien ne semblait encourageant : les méthodes n’étaient guère en accord avec une éthique de haut niveau et ses principes de respect des consommateurs, des employés et des concurrents. Le temps était venu d’un changement pour le meilleur.

Paul Harris le raconte dans son livre « Ma route vers le Rotary » : « à Chicago, une chose essentielle me manquait : la présence d’amis.  Le philosophe, essayiste et écrivain américain, au XIXème S., Ralph Emerson disait : celui qui a un millier d’amis n’a jamais un ami à négliger…Or, les premiers temps, dans ma cité d’adoption, je n’avais ni le millier ni le seul. Et une idée me vint : pourquoi, dans ce grand Chicago, ne pas avoir un groupe d’amis de métiers différents, sans tenir compte ni de leurs opinions politiques ne de leurs religions, avec une large acceptation des opinions de chacun d’entre nous ? Est-ce Que cette amitié ne pourrait pas faire le lit d’une entr’aide mutuelle ?

 

C’est ainsi que lui vint une idée…

Après cinq années de cheminement, en février 1905, j’ai demandé à trois jeunes professionnels de me rejoindre et je leur ai présenté un simple projet de coopération mutuelle et d’amitié toute simple telle que chacun l’a connue dans son village. Ils acceptèrent mon plan…

Nous sommes devenus plus nombreux, dans une amitié renforcée dans l’esprit d’entre aide entre nous et envers notre cité. Le banquier, le boulanger, le pasteur et le plombier, l’avocat et le blanchisseur ont découvert la similitude des objectifs de chacun, les problèmes des succès et des échecs. Nous avons appris que nous avions beaucoup de choses en commun. J’avais l’impression d’être de retour dans ma Vallée de la Nouvelle Angleterre.

C’est ainsi qu’il créa, en 1905, un club, mot d’origine britannique, qui désignait une association culturelle, sportive ou politique, un cercle où l’on se réunissait pour lire, parler, jouer…ou encore un groupe de personnes partageant les mêmes goûts ou se trouvant dans la même situation. Paul Harris, en donnant à son club, bientôt appelé ROTARY-CLUB, (parce que ses membres se réunissaient à tour de rôle chez ses membres), une vocation caritative, avait inventé les CLUBS-SERVICE.

L’idée allait rapidement prospérer : le club-service réunit des femmes et des hommes qui ont envie de servir une cause ou une œuvre, tout en développant des liens d’amitiés.

C’est ainsi que le Rotary s’est développé, avec la devise : l’amitié par le service…et s’étendit avec Inner-Wheel (qui réunissait d’abord les épouses de rotariens), et, pour les jeunes, Interact-club et Rotaract

En 1915, à Detroit, naissait Kiwanis International, mot indien (« nunkee-wan-nis ») signifiant Nous avons plaisir à partager nos talents.

En 1917, Melvin Jones créait les LIONS CLUBS, avec un emblème qui symbolise la force et le courage, sur une couleur pourpre qui symbolisait la loyauté. Son nom signifie Liberty, Intelligence, Our Nation’s Safety et sa devise est We serve…

En 1921, à Philadelphie, le Soroptimist, dont le nom signifie le meilleur pour les femmes, est un club-service dont le recrutement est féminin…La mixité ne viendra dans les clubs-services que dans les années 1980, mais c’est une autre histoire…

Mentionnons également le Zonta, club-service interprofessionnel, fondé en 1919 ; ou la Table Ronde, pour des hommes de moins de 40 ans, qui, ensuite adhèrent aux clubs 41.

Les  clubs-service, si divers soient-ils, ont des modes de fonctionnement proches ; partout, en s’y intégrant, ses membres s’engagent à servir les autres et à consacrer du temps pour les actions du club : que ce soit la collecte de fonds pour financer des programmes d’aides et de soutien, ou l’organisation d’œuvres sociales par les membres eux-mêmes, et des rencontres par des dîners, des soirées à thèmes , des conférences, ou des voyages faits ensemble…

********************

 Mais revenons au Rotary, et à Paul Harris, pour examiner maintenant la philosophie qu’il y a inspirée, qu’il expose largement dans son livre de mémoires.

Paul Harris n’est devenu président de son club qu’à la troisième année de son existence ; il s’était donner les ambitions suivantes :

Faire se développer le club de Chicago ;

Etendre le mouvement aux autres villes ; « avoir des amis dans le monde entier est une bénédiction ».

Intensifier l’action d’intérêt public comme objectif des clubs.

Dès le début, le Rotary abordait une approche différente de celle des autres clubs à cette époque : le Rotary a été comme un oasis dans un désert. Ses réunions étaient bien plus intimes et plus amicales. Tout ce qui pouvait devenir une entrave ou être de peu d’intérêt était banni ; les attitudes hautaines et en retrait restaient bloquées à la porte ; les membres étaient à nouveau des enfants. Pour moi, la participation à une réunion du club était synonyme de retour à ma maison dans la vallée.

Le concept originel du Rotary s’est répandu ; ses idéaux ont été exposés ; ses objectifs bien mis en avant ; mais l’amitié profonde et informelle demeure le moteur essentiel de sa substance. Les membres s’apportaient une entraide mutuelle dans tous les domaines, qui reposaient sur les relations cordiales et l’esprit d’amitié.

Du fait de la croissance du nombre des membres du groupe de Chicago, il est  décidé que chaque membre soit le représentant unique d’une profession, chacun devant considérer que la sélection constituait le privilège de représenter sa profession avec la responsabilité qui s’y rattache. Le Rotary n’a pas pour objectif d’imprimer à ses membres une connotation sociale, ni religieuse, ni raciale : il réunit des professionnels bien différents dans leurs situations sociales, leurs croyances religieuses et leurs nationalités, pour leur permettre de mieux se comprendre pour générer de la sympathie, de l’amitié et de l’entraide.

En 1908, Arthur Sheldon, membre du club, créait une école de vente qui reposait sur l’idée que le succès de la vente dépend du service rendu et qu’une transaction n’est pas justifiée tant que les deux parties ne sont pas bénéficiaires ; ceci convenait tout naturellement au groupe, qui allait en faire un critère des « quatre questions ».

Puis le Rotary s’étend…

P. Harris fait siens les doutes du St Thomas de l’Evangile : il n’y a qu’une façon de convaincre celui qui ne veut croire que s’il voit, c’est de réaliser ce qu’il nie…et le meilleur moyen de réaliser des choses c’est de les faire soi-même. Ainsi, racontez toujours P. Harris, je me mis au travail, avec comme objectif d’initier des Rotary Clubs un peu partout dans les E.U. et dans le monde : au Canada, en Grande Bretagne, en Irlande, en Amérique latine, en Australie et Nouvelle Zélande…plusieurs milliers de rotariens de haut niveau dans les milieux d’affaires se sont consacrés au Rotary avec générosité.

C’est alors que les clubs ont été regroupés dans des districts, avec l’élection de gouverneurs.

C’est alors que le mot « service » a été inscrit dans les statuts des clubs, avec tout qu’il sous-tend et dans toutes ses implications : l’instauration d’une conscience civique et d’un nouvel art de vivre dans des centaines et petites cités et de villes, avec des campagnes de nettoyage, l’organisation de camps pour garçons, de groupes musicaux…Ceux qui ne pouvaient pas contribuer par l’argent le faisaient par leur travail.

L’appartenance au Rotary impose au participant l’obligation de transposer à son environnement commercial les idéaux et les principes qu’il détient du Rotary ; il doit s’efforcer de les faire apprécier et adopter par tous ceux qui appartiennent à son milieu professionnel.

Les Rotariens sont les premiers bénéficiaires des méthodes du Rotary et ceci corrobore l’idée que cela vaut la peine et constitue une source de satisfaction pour ceux qui servent dans le mouvement : 

En s’intéressant à ce que l’on appelle les Quatre Voies de l’Action : l’action intérieure au service du club, (c’est l’administration des affaires de son club) ; l’action professionnelle, (qui concerne l’éthique dans la conduite des affaires) ; l’action d’intérêt public (qui concerne le bien-être de la communauté dans laquelle il vit) ; et enfin l’action internationale, (qui consiste à promouvoir la bonne volonté et le compréhension).

Celui qui assiste avec régularité aux réunions de club y puise un enrichissement de sa vie grâce aux contacts divers et aux relations amicales et grâce aux sujets culturels qui apportent un plus à son mental et à son moral.

Pourquoi cet attachement au Rotary ? C’est l’amour de l’homme envers son semblable. L’amitié est le socle sur lequel reposer le Rotary et la tolérance est le facteur qui assure sa cohésion.

                                                                                

Extrait de la conférence de Joseph NOUVELLON au  RC Evry  le 14 décembre 2021

Pour découvrir le texte intégral de la conférence suivre le lien suivant           https://lessines.rotary2150.org/fr/content/news/show/11066    

LE LIVRE « MA ROUTE VERS LE ROTARY » DE PAUL HARRIS

La première traduction française du livre culte de Paul Harris disponible pour le centenaire du Rotary en France en 2021 ("My Road to Rotary")

Vente en ligne et livraison a domicile :

Commandez à l'unité ou en lot pour les clubs avec paiement sécurisé sur :  HELLOASSO (cliquez ici pour accéder aux formulaires de commande)

Livre broché au prix de 30€ (Bénéfices reversés à la Fondation du Rotary, à la Fondation GoodPlanet)

Un livre à connaître et à offrir à tout nouveau Rotarien

PREFACE de Yann Arthus-Bertrand :

La lecture du livre « Ma Route vers le Rotary » écrit par Paul Harris, fondateur du Rotary en 1905, fait très bien ressortir l’importance de l’enfance, de l’éducation, de l’amour, et du respect d’une nature généreuse et réparatrice. En expliquant, dans ce livre que je vous recommande, le chemin parcouru pour construire le Rotary, il fait part tout particulièrement de sa certitude : " L’enfance sculpte les pas de l’homme." Il est donc tout à fait heureux et pertinent que ma fondation GoodPlanet crée en 2005 et le Rotary unissent leurs efforts dans un même objectif : placer l’écologie et l’humanisme au coeur des consciences, et susciter l’envie d’agir pour la terre et ses habitants.
Les Rotariens seront d’autant plus convaincants et écoutés qu’ils disposeront avec GoodPlanet d’un appui pédagogique majeur et largement reconnu.
J’exprime au mouvement rotarien ma gratitude pour ce partenariat nouveau noué avec les écoles et j’encourage les Rotariennes et Rotariens à accentuer leur engagement sur ce nouvel axe stratégique.


Yann Arthus-Bertrand
Photographe, reporter, réalisateur,
Président de la fondation Good Planet