TEMOIGNAGE DE MARIE VAN BOXSTAEL QUANT AU BOMBARDEMENT DE L'EGLISE SAINT PIERRE LE 11 MAI 1940

samedi 27 juin 2020

Marie VAN WYMERSCH

Nous avons recueilli le témoignage de notre membre d'honneur Marie VAN WYMEERSCH veuve de notre regretté ami le PDG Jean Pierre VAN BOXSTAEL qui a vécu en direct le bombardement de l'Eglise Saint Pierre le 11 mai 1940.
 
Marie  habitait avec ses parents dans les bâtiments de l'école Saint Pierre dans la grand rue  de Lessines  (locaux actuels de l'unité scouts du Roc ) . Elle nous raconte ces jours dramatiques dont elle a été le témoin privilégié.
 
Je viens d’avoir 87 ans, j’en avais donc 7 quand ce bombardement a eu lieu et j’en ai gardé un souvenir assez précis étant donné l’intensité de  ce dramatique épisode.
 
Nous habitions donc dans la grand’rue presque face à l’église et ce matin là, nous avons été brusquement réveillés par le bruit des déflagrations des bombes qui s’abattaient sur l’église et ses environs. Maman était tétanisée et regardait avec horreur les bombes qui tombaient sur l’église. Papa a dû la forcer à quitter la chambre.
 
Après s’être réfugiés dans un premier temps dans la cave, mon père a décidé de nous faire quitter la maison car les fumées de l’incendie pénétraient par le soupirail et nous intoxiquaient.
 
La toiture brûlait déjà, les bombes incendiaires étaient tombées aussi sur les deux maisons adjacentes ( à gauche, une banque et à droite, la maison du docteur  Carl Dussaucois )
 
Après avoir rapidement rassemblés quelques vêtements, mon père a pris la décision de quitter la ville pour se rendre à Ghoy dans sa ferme natale.
 
Je garde le souvenir terrible des grandes flammes sortant du clocher.
 
À peine arrivés sur la grand place, nous avons du nous réfugier dans la cave de l’hôtel de ville car des avions survolaient la ville à basse altitude et sur le chemin du village ce fut un fossé qui nous a servi d’abri.
 
L’après-midi ou le lendemain,  mon père est retourné à Lessines pour évaluer les dégâts: à part la toiture, la maison avait été épargnée contrairement aux deux maisons voisines. Celle du médecin était complètement détruite et la banque avait été fortement endommagée aussi.
 
Notre séjour à la ferme a été de courte durée car elle était occupée par des soldats français qui nous ont forcés à quitter les lieux pour prendre les routes de l’évacuation.
 
Nous nous sommes dirigés vers Renaix avec mon Grand Père et tout ce que nous pouvions emporter.
 
Arrivés à Renaix, des avions nous survolaient encore et mon père a décidé de quitter la colonne de réfugiés et a bifurqué vers Saint Sauveur ou nous sommes restés quelques jours dans une ferme avant de regagner Ghoy et plus tard Lessines lorsque la toiture fut remplacée.
 
On a attribué la limitation des dégâts de l’incendie de notre maison au fait que les pompiers ont copieusement arrosés la toiture alors qu’une importante lessive de draps pendait dans le grenier et est donc tombée trempée sur le plancher en chêne en y maintenant une forte humidité.
 
Plus tard des fouilles ont été effectuées par des historiens et des tombes ont été ouvertes. L’église n’étant pas totalement inaccessible certains y sont rentrés et sur le parvis on pouvait voir des crânes et des ossements ce qui était impressionnant quand on le traversait pour aller à l’école.
 
 
Je terminerai cette petite évocation en vous faisant part des soupçons de mon père (à tort ou à raison).  Il n’était pas persuadé que le bombardement était le fait de l’armée allemande mais plutôt des anglais et cela pour affoler  la population et de l’inciter à prendre les routes de l’évacuation. Leur but étant de retarder l’avancée allemande et permettre aux troupes alliées de regagner Dunkerke et l’Angleterre.
Cela n’est pas prouvé mais je reste quand même perplexe en regardant le soin avec lequel les anglais ont photographié les dégâts de ce bombardement ( voir les photos à l’exposition) .
 
Voilà  quelques souvenirs de ce début de guerre. Je n’ai pas de photo car ce n’était pas l’époque des GSM !!!

Bombardement 11 mai 1940

Images supplémentaires

Marie VAN WYMERSCH