Les sept clés du succès du Ath Open
Samedi, les finales du tournoi international de tennis en
fauteuil ont sacré Scheffers chez les messieurs et Guo chez les dames, au terme
d’une compétition baignée par le soleil et marquée du sceau de la réussite.
Loïc Defoort le 20-08-2023
Vous connaissez sûrement l’émission télévisée Fort Boyard où
les candidats ont la mission de s’emparer de sept clés en réussissant des
épreuves farfelues afin d’avoir une chance de s’emparer du butin mis en jeu.
Depuis 22 ans, à chaque édition, le Ath Open joue, quelque part, à Fort Boyard,
s’appliquant à disposer de sept clés, celles du succès de son tournoi
international de tennis en fauteuil. Et cette année encore, la mission a été
remplie par son comité, bien aidé par un soleil quasiment omniprésent. Chose
rare !
Du sérieux mais sans l’être
Une légende narre qu’un Ath Open sans une goutte de pluie
n’est pas un bon Ath Open ! "Il paraît… Je l’ai déjà entendu quelque part,
ou plutôt lu, souriait Jean Dauge, le juge-arbitre. Malgré un ciel clément, je
ne crois toutefois pas que cette édition soit de mauvaise qualité." Ce
genre de commentaire est typique du Ath Open où l’on prend un malin plaisir à
rigoler, ce qui n’empêche pas de maintenir une sérieuse organisation.
"Mettre sur pied un tel événement, avec des joueurs venant de l’étranger,
ça ne s’improvise pas, disait Sylvie Dasseler pour qui il s’agissait de la
première dans le rôle de directrice. Il est impératif que la machine soit
parfaitement réglée." Et elle l’est, chaque joueur ne pouvant que le
reconnaître. "Je suis devenu un habitué. Si je reviens, ce n’est pas un
hasard. L’Open n’est que ITF 3 (NDLR: cinquième rang des tournois) mais vaut
bien mieux tant tout y est bien fait", notait Maikel Scheffers, le grand
vainqueur du côté des messieurs.
Des tableaux de qualité
Autre clé d’un tournoi réussi: le plateau ! Le Ath Open
n’est ni un Grand Chelem ni un Super Serie mais attire quelques-uns des
meilleurs joueurs: tableaux masculin et féminin mélangés, seize membres du Top
50 mondial étaient de la partie la semaine passée ! Les visiteurs n’ont
nullement regretté leur venue vu la qualité des matches. Malgré une bien jolie
opposition avec le Japonais Suzuki, le Français Laget ou l’Anglais Ward, le
Néerlandais Maikel Scheffers n’a laissé que peu de chance à ses adversaires en
ne lâchant que quatre jeux sur ses quatre matches en simple. Le Batave a
empoché sa quatrième victoire à Ath, autant que Joachim Gérard, fer de lance du
tennis en fauteuil belge, cinquième mondial. En double, le succès de Scheffers
a été moins net mais, avec Robin Groenewoud, il s’est imposé, comme lors des
quatre dernières éditions. Du côté féminin, la densité proposée rendait les
pronos plus délicats. On attendait un peu plus l’Allemande Katharina Kruger et
c’est au final la Chinoise Luoyao Guo qui est venue inscrire son nom au
palmarès pour la seconde fois, après son succès en 2022. Associée à la
Néerlandaise Jinte Bos, Guo a remporté aussi le double féminin.
Un révélateur de talents
Il suffit de regarder le palmarès du Ath Open pour
comprendre que, souvent, les futurs grands y sont passés, à commencer par
Joachim Gérard. Spaargaren, Miki, De La Puente, du côté masculin, De Groot, Zhu
et Montjane, chez les dames, ce ne sont que des membres du Top 8 mondial ! Et
cette année, on a encore vu des joueurs au grand potentiel. À 17 ans, l’Anglais
Dahnon Ward a une sacrée panoplie de coups. Il n’a pas été finaliste pour rien
! Côté féminin, la jeune Française Ksénia Chasteau est arrivée à Ath en de
numéro une mondiale juniores après une victoire dans un Grade A en Angleterre.
À 17 ans, un énorme talent !
Un contexte convivial
"Tu as bien cinq minutes pour bavarder autour d’un
verre ?" Le genre d’interpellation à laquelle vous n’échappez pas si vous
allez au Ath Open, car le sens de l’accueil y est pointu. La convivialité est
un art que l’on cultive à la Route de Flobecq où le tournoi international a son
repaire. "On ne dira pas que tout le monde est grand ami avec tout le
monde, mais on n’en est pas loin, avouait Jean Dauge. L’esprit de famille, on y
tient. C’est pourquoi on aime ce statut d’ITF 3 qui évite la venue de certains
des joueurs très bien classés qui chassent surtout les primes alors qu’ici, les
joueurs chassent la bonne humeur."
Le bien-être des joueurs
Des joueurs qui sont, on peut le dire, chouchoutés, cibles
de multiples petites attentions. Il manquait le drapeau malien à la suite du
changement de nationalité d’un joueur ? Aucun souci: un mot, un geste et le Ath
Open fait le reste !
Une armée de bénévoles
Kinés, préposés aux terrains, intendance, chauffeurs,
arbitres et on en passe, chacun au sein de l’organisation se met au service de
joueurs qui ne doivent penser qu’à jouer au tennis. Une armée de bénévoles qui
n’a pas l’habitude de compter les heures. "Et sans eux, il n’y aurait
peut-être pas de tournoi", soulignait Abou Konate, habitué du Ath Open.
Belle mise en évidence
Le tournoi athois, c’est aussi la mise en valeur et la
promotion d’une discipline qui, et on ne le dira jamais assez, mérite le détour
car elle est impressionnante. "Quelque part, ces joueurs sont des
acrobates lorsqu’on voit ce qu’ils font dans leur chaise. Franchement, ça
inspire le respect et ça fait relativiser le fait que parfois, on a bien tort
de se plaindre pour des broutilles quand on connaît les parcours de vie de certains
de ses joueurs atteints de handicap", nous confiait François Laho,
assistant au juge-arbitrage. Pour sensibiliser le public, un match exhibition
valides-moins valides a de nouveau occupé la soirée de vendredi. Y ont
participé Scheiffers et Chasteau aux côtés de Nathan Defromont et Margaux
Maquet, deux prodiges du tennis athois. Le premier intégrera d’ici quelques
jours la prestigieuse Mouratoglou Academy. La seconde vit sa passion aux
États-Unis où elle suit son cursus universitaire ! Le duo a apprécié cette
exhibition. "L’expérience a été géniale, s’exclamait Margaux. Partager le
terrain avec le 14e joueur mondial devant un large public restera un grand
moment. Pour l’anecdote, on a gagné !"