Accueil par la Présidente
Le Rotary club de Lessines est particulièrement heureux
de vous accueillir ce soir.
Nos réunions se suivent mais ne se ressemblent pas :
Si je regarde juste les 3 derniers mois, nous avons
accueilli
-Romain Marchant, notre étudiant boursier
-les maiden speech de nos nouvelles membres Patricia et
Muriel
-la conférence de Marius Gilbert
-la balade canine en soutien au refuge des collines
-la présentation de la Rotary Civic Day qui œuvre pour la
citoyenneté
-l’accueil de notre club contact français d’Evry au sud
de Paris pour programmer ensemble des actions humanitaires internationales
-le commando d’amitié de notre voisin, le club d’Enghien.
-et finalement la visite de notre gouverneur Etienne Bailly
et l’intronisation de Sylvie, dont c’est, ce soir, la première réunion
officielle en tant que membre de notre club.
-je n’oublierai pas notre concert de Noël, le 17 décembre
prochain à la salle George Roland à Ath. Ce sera le groupe O’Tchalaï qui
viendra nous séduire sur des mélodies tsiganes et balkaniques. Ils viennent de
faire salle comble à Louvain-la-Neuve. Alors ne ratez pas l’occasion de les
écouter. Nous avons évidemment les tickets disponibles ce soir à votre
disposition.
Mais ce soir, nous allons d’abord apprécier encore un
autre exercice de style avec la présentation d’un roman historico-policier
fraîchement sorti de presse. C’est un premier roman mais je connais très bien
l’auteur et je sais toute la passion qu’il a mis dans cette écriture.
Dimitri WITTENBERG échevin de la culture félicite à son tour chaleureusement Jean Marie Dontaine, de son nom de plume J.HEMDAY, pour la sortie de son premier roman dont l'intrigue se situe dans notre région au XVIIIème siècle. Ce n'est pas la première fois que le rotary club de Lessines invite à sa tribune un auteur de la région pour présenter son dernier roman. Il contribue ainsi à faire connaître la production littéraire de notre Wallonie picarde Puisse ce soutien contribuer à encourager nos auteurs à poursuivre leur rêve .
PRESENTATION LA PLUME ET L’EPEE PAR L'AUTEUR
Merci pour votre présence qui m’est
particulièrement précieuse en ce jour spécial de la parution de mon premier
roman.
La plupart d’entre vous me
connaissent déjà. Pour être complet, je dirais que parler de soi avec mesure
est un exercice toujours difficile car, forcément, le résultat est rarement objectif.
Donc, voilà écarté tout un pan de ce discours. Mais, me direz-vous, que
reste-t-il à dire ?
Que je suis arrivé à l’écriture par
la généalogie. Ne disposant que de très peu d’informations à propos de mes
ancêtres directs vivant entre Assesse et Andenne dans la première moitié du
XVIIIème siècle, j’ai tenté de combler les vides avec mon imagination. Ainsi,
je rédigeai une petite plaquette décrivant la fin de la liquidation de
l’héritage de ce François Dontaine, décédé en 1752. L’exercice me plut assez
que pour être tenté de le poursuivre tout en l’amplifiant. Sauf que…
Sauf que l’écriture d’un ouvrage est
une toute autre aventure au cours de laquelle on se confronte à soi-même, on
livre quelque peu sa vision du monde, on dévoile parfois ses opinions. Bref, toutes
proportions gardées, on se dénude devant le lecteur. En soi, l’exercice n’est
pas anodin.
Ensuite, au-delà de la part de
soi-même qu’on ose livrer, il reste la manière. Dans son « Art poétique »,
Nicolas Boileau nous en donne une idée bien précise :
« Hâtez-vous
lentement; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le
métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans
cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent
effacez. »
La poubelle du bureau a connu
l’application pratique de ces quelques vers. Je n’ai pas d’ailleurs pas osé
faire le compte des versions successives. Mais peut-être mon épouse, ma
première conseillère, l’a-t-elle fait… Je me demande aussi si je n’aurais pas
dû faire suivre la lecture de Boileau par celle de Descartes qui, dans son « Discours
de la méthode », soutient que
« Ce qui se
conçoit bien s’énonce clairement
et les mots pour le dire arrivent
aisément. »
Il me reste certainement là un apprentissage
à faire.
Au final, ce premier roman est
quasiment un travail d’équipe et je voudrais aujourd’hui soir spécialement remercier
celles et ceux qui m’ont encouragé, soutenu, inspiré, renseigné, critiqué,
illustré et corrigé !
Le noyau de cette équipe fut,
incontestablement, ma chère épouse, Christine, première lectrice du premier
scénario et de la première version,… suivie de toutes les autres... Merci à
toi, ma chérie, pour ton attention de tous les instants, pour ton support, pour
ton coup d’œil précis de scientifique.
Patricia, Pierre, Denis, vous avez
formé, peut-être à votre insu, un trio qui m’a fait douter, qui m’a interpellé,
m’a bousculé en mettant le doigt sur les redites, les coquilles, les erreurs,
les incohérences,… et Dieu sait combien il y en avait. Apprentissage de la
rigueur… Merci à vous tous.
Je ne peux que remercier tout
spécialement Cathy pour son investissement graphique. Ce fut, à ce sujet, une
aventure dans l’aventure. Je me souviens encore du moment où ses premiers
projets me furent présentés. Je me suis dit : « Ouais, c’est
ça ! ». Puis, nous avons peaufiné… Merci à toi, Cathy.
Il y a celles et ceux qui, parfois
même sans le savoir, au détour d’un courriel ou d’une conversation, m’ont
indiqué des pistes, soufflé des informations, inspiré des développements.
Je voudrais, bien évidemment,
remercier le Rotary Club de Lessines pour cette opportunité de présenter ce
roman. Merci également au Comptoir de Notre-Dame, à l’Hôpital ND à la Rose, à la
fleuriste Nina, au restaurant « Chez Tamia » d’avoir accepté de
mettre cet ouvrage en vente. Merci au Livre en Papier pour leur
professionnalisme rassurant dans l’aventure de l’édition.
Ah ! oui ! Il parait que je
dois aussi présenter l’ouvrage… Mais là, je cale… En effet, comment parler
d’une histoire un tant soit peu policière sans la dévoiler ? Comment poser
les termes d’une intrigue sans donner le moindre élément à propos de sa
solution ?
Vous dire que l’histoire se déroule
au XVIIIème siècle à Lessines et Enghien est un peu court… Dès lors, plutôt que
parler pour ne rien dire, je vais tenter de vous parler du livre sans rien en
dire.
Dans ces pages, le lecteur fera
connaissance avec cet homme du XVIIIème siècle un peu à la croisée des chemins,
entre traditions et modernité. En combinant institutions du passé et visions
modernes sur le plan juridico-administratif, il organise la société comme une
sorte de lasagne d’une complexité rare. Était-ce une image prémonitoire de la
société d’aujourd’hui ?
Dans sa vie quotidienne, l’homme du
XVIIIème vit dans une certaine insécurité. Souvenons-nous que nos contrées ont
longtemps constitué le « champ de bataille de l’Europe ». Toutefois,
même pendant les périodes de paix (si, si ! il y en eut ! ), l’homme
du XVIIIème siècle sera confronté quasiment en permanence à la mort suite,
notamment, aux nombreuses épidémies que la médecine ne peut encore combattre
efficacement.
Mais il n’entrait certainement pas
dans mes intentions d’écrire un livre d’histoire car je ne suis pas assez qualifié
pour cet exercice. A travers cette fiction, j’ai simplement tenté d’apporter,
par petites touches, des détails relatifs à la vie de cette époque,… Alors,
soyons clairs : avant de me qualifier d’écrivain ou de romancier, je me
considère plutôt comme un modeste « conteur d’histoires ».
Histoires… à Lessines… Pourquoi
Lessines ? Parce qu’elle est ma ville de cœur depuis quelques années.
C’est une ville que je n’arrête pas de découvrir et qui me plait chaque jour
davantage.
Avant de vous donner un tout petit
aperçu du contenu, sans dévoiler l’intrigue, bien évidemment, je voudrais
simplement souhaiter que vous ayez autant de plaisir à lire ces pages que j’en
ai eu à les écrire.
Pour lire cet extrait, il me fallait
un artiste de la parole. Alors, à toi, Pierre.
Pierre PAPLEUX nous lit la première page du roman
Niché sur
un épaulement de terrain à mi-chemin entre Lessines et Flobecq, le petit
village d’Ogy respirait la quiétude d’après-moisson de cette année 1730. Quoiqu’un
peu en retard du fait d’un hiver un peu trop long, les récoltes de blé et de lin
suffiraient à faire vivre paysans et tisserands. Le pain serait abondant et, au
fond des chaumières, les fileuses approvisionneraient les métiers qui
produisaient ces toiles faisant la renommée de la région.
Après des
années de troubles causés par le passage incessant de troupes de toutes
nationalités qui réquisitionnaient, volaient, pillaient sans vergogne aucune,
la contrée avait espéré retrouver le calme et sa prospérité initiale.
C’était
toutefois sans compter avec ces moricauds que d’aucuns qualifiaient
d’« égyptiens », à défaut de connaitre leurs véritables origines.
Depuis plusieurs mois, ces bandits itinérants écumaient villages et hameaux,
leur préférence allant aux fermes isolées.
Aussi, à
Ogy, le soir venu, les habitants se claquemuraient dans leurs masures tandis
que le curé redoublait d’attention, fermant l’église à double tour.
Car ce
n'est pas la présence du petit poste de guet, installé sur la grand-route, qui
aurait pu dissuader ces groupes criminels dont les membres n’auraient
certainement pas reculé devant un sergent et quatre fusiliers, même
représentant l’autorité impériale.
Le soir
commençait à tomber quand une berline venant de Flobecq s’arrêta à hauteur du
curé qui se hâtait pour une dernière visite avant de regagner son presbytère. L’occupant
de la voiture l’interpella, d’une voix enjouée :
- Monsieur Lengrand, je
vous salue. Comment se présentent les choses, ce jour ?
- Bien le bonsoir, Monsieur
Foubert. Nous avons été tranquilles toute une semaine. C’en est presque
incroyable. J’en conclus que Dieu veille sur nous.
- Sans doute, sans doute,
Monsieur le curé. Mais je serai bien plus à l’aise lorsque nous connaîtrons une
paix durable.
- Qu’en pense Monsieur le
Bailli ?
- Je serais bien en peine
de vous le dire car nous ne l’avons pas vu depuis plusieurs mois. Il est sans
doute requis par d’autres tâches. Mais rassurez-vous, en son absence, nous
gérons la situation sans trop de souci.
- Et comment se porte votre
épouse ?
- La naissance est attendue
d’un jour à l’autre. Marie Jeanne Demarbaix est passée hier et nous a assuré
que tout se présentait bien.
- J’aurai donc bientôt un
baptême à célébrer ?
- Sans aucun doute,
Monsieur le curé, sans aucun doute. Je vous souhaite le bonsoir.
Sur ces mots, Pierre Joseph Foubert, homme de fief du baillage de Flobecq
et Lessines, fit claquer les rênes. La berline repartit dans un trot soutenu
jusqu’à la sortie du village.